Réaction de la presse chinoise aux négociations en Ukraine
- Philippe Buffon
- 25 mars
- 3 min de lecture
Voici une analyse de la réaction de la presse chinoise aux négociations sur l'Ukraine du 24 mars 2025, basée sur les tendances éditoriales habituelles des principaux médias d'État chinois (comme China Daily, Global Times, ou Xinhua), ainsi que sur leur positionnement diplomatique connu à ce jour, le 25 mars 2025.
1. Soutien au dialogue et à une approche multilatérale
La presse chinoise, notamment Xinhua et China Daily, a probablement salué les négociations russo-américaines de Riyad comme une étape positive vers la désescalade, tout en soulignant le rôle clé du dialogue pour résoudre le conflit. Ces médias ont pu reprendre les propos de Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, qui, dans des contextes similaires, appelle régulièrement à "trouver un plan pour une paix durable via le dialogue". Un éditorial de China Daily pourrait avoir insisté sur le fait que "toutes les parties doivent privilégier la retenue et la négociation au détriment des confrontations militaires", une position alignée sur la rhétorique chinoise de neutralité apparente et de promotion de la paix.
2. Critique implicite de l’unilatéralisme occidental
Des publications comme Global Times, plus nationalistes, ont sans doute profité de l’occasion pour critiquer subtilement l’approche occidentale, en particulier celle des États-Unis, accusés de chercher à imposer leur agenda. Les éditoriaux ont pu noter que l’exclusion initiale de l’Europe et la focalisation sur un tête-à-tête russo-américain reflètent une "mentalité de guerre froide" ou une tentative de Washington de dominer le processus au détriment d’une solution multilatérale. La Chine pourrait être présentée comme un contrepoint, favorisant une approche "inclusive" impliquant l’ONU ou d’autres acteurs, comme suggéré par des déclarations antérieures de Wang Yi.
3. Mise en avant du rôle potentiel de la Chine
Les médias d’État ont probablement réitéré la volonté de Pékin de jouer un rôle constructif, sans s’engager directement dans les pourparlers actuels. Xinhua a pu rappeler le plan de paix en 12 points proposé par la Chine en février 2023, le présentant comme une "base raisonnable" toujours pertinente. Un éditorial pourrait avoir suggéré que la Chine est prête à faciliter de futures discussions, en soulignant son statut de partenaire économique clé de la Russie (via des accords sur le gaz ou les céréales en mer Noire) et sa capacité à dialoguer avec toutes les parties, y compris l’Ukraine.
4. Silence ou prudence sur les détails de la trêve
Étant donné la sensibilité du sujet et l’absence d’accord finalisé hier, la presse chinoise a vraisemblablement évité de commenter en profondeur les spécificités de la trêve partielle proposée (30 jours, infrastructures énergétiques, mer Noire). Au lieu de cela, elle a pu se limiter à des généralités, attendant la déclaration conjointe russo-américaine prévue aujourd’hui pour ajuster son discours. Cette retenue refléterait la stratégie de Pékin de ne pas s’aliéner Moscou tout en maintenant une posture de neutralité publique face à Kiev et à l’Occident.
5. Contexte de la frappe sur Soumy
La frappe russe sur Soumy le 24 mars (88 blessés), survenue pendant les négociations, a peut-être été mentionnée avec prudence. Global Times pourrait avoir relayé la version russe (ciblage militaire légitime) ou souligné que de tels incidents montrent "l’urgence d’un cessez-le-feu", sans condamner explicitement Moscou. Cela resterait cohérent avec la ligne chinoise de ne jamais critiquer publiquement la Russie, tout en déplorant les "souffrances des civils" de manière générique.
Tendances générales
Ton posé et diplomatique : Les éditoriaux de China Daily ou Xinhua ont dû adopter un langage mesuré, évitant de prendre parti mais insistant sur la "responsabilité collective" pour la paix.
Narratif anti-hégémonique : Global Times a probablement glissé des piques contre les États-Unis, vantant la "sagesse chinoise" face à l’approche "belliqueuse" de l’Occident.
Focus économique : La presse a pu souligner l’importance de stabiliser la mer Noire pour les exportations céréalières, un intérêt chinois clé, sans entrer dans les détails militaires ou politiques.
Conclusion
La réaction de la presse chinoise aux négociations du 24 mars 2025 a probablement été positive mais prudente, louant l’idée de pourparlers tout en défendant une vision multipolaire où la Chine conserve un rôle de médiateur potentiel. Elle a dû refléter la position officielle de Pékin : soutien au dialogue, critique voilée de l’unilatéralisme américain, et silence stratégique sur les points de friction avec la Russie.
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